LE SOLEIL/ 850 000 INSUFFISANTS RENAUX AU SENEGAL : Plaidoyer pour un programme national de lutte

by SÉNÉGAL ÑOO FAR

La cérémonie officielle de célébration de la journée mondiale du rein s’est tenue hier à l’hôpital Baye Talla Diop (ex-Dominique) de Pikine. Une tribune qui a permis aux acteurs et malades de faire un plaidoyer pour la mise en place d’un programme national de lutte contre les maladies rénales car plus de 800 000 personnes sont atteintes par cette pathologie chronique.
Le Président de Société sénégalaise de néphrologie, dialyse et transplantation (Sosendt), Pr Abdou Niang, a révélé, hier, que 850.000 personnes souffrent de maladie rénale au Sénégal. Selon lui, 1200 d’entre elles sont des hémodialysés dont plus de la moitié est suivie. Les données hospitalières de 2021 font exactement état d’une cohorte de 742 patients suivis avec un taux d’enrôlement de 10% et une létalité de 12%. Cependant, le problème reste entier avec 1510 patients en attente de dialyse.
Le Pr Niang s’exprimait, hier, à l’occasion de la journée mondiale du rein dont la cérémonie officielle s’est tenue à l’hôpital Baye Talla Diop (ex-Dominique) de Pikine. Le thème de cette année porte sur « la santé rénale pour tous-améliorer les connaissances pour un meilleur traitement des maladies rénales ».
Le Pr Abdou Niang a indiqué que l’Insuffisance rénale chronique (Irc) est une menace pour la santé publique mondiale, non sans se désoler qu’elle ne figure pas dans les programmes gouvernementaux en matière de santé publique. « Le gouvernement doit informer de l’impact des maladies rénales sur la santé des citoyens et de la charge qu’elles représentent sur les budgets et les systèmes de santé afin d’encourager l’adoption de politiques et l’allocation de ressources permettant de lutter contre la charge globale que représentent les maladies rénales et d’assurer le bien-être des personnes atteintes de ces maladies », a-t-il suggéré, plaidant pour la mise en place d’un programme national de lutte contre la maladie qui prendrait en charge tous les aspects de la prévention au traitement.
À ce propos, le Directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale, Alphonse Ousmane Thiaw, a laissé entendre que pour faire face à la situation préoccupante de la pathologie rénale dans notre pays, plusieurs mesures ont été prises. Il fait allusion à l’amélioration de l’accessibilité des centres de dialyse (un centre dans presque toutes les régions). Il a ainsi fait savoir que le nombre de centres publics de dialyse est passé de 2 à 23 entre 2010 et 2021. Il a ajouté que la gratuité totale de la dialyse dans le service public est devenue une réalité depuis 2013. Ce faisant, le budget pour l’achat des kits est passé de 2,7 à 5,2 milliards de FCfa. De l’avis de M. Thiaw, la signature de conventions entre l’État et les centres privés de dialyse a permis de renforcer l’offre de soins.
Toujours dans le registre des actes posés par l’État, le Directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale a évoqué le déploiement de ressources humaines de qualité dans les centres de dialyse. Notamment avec le projet « Investir dans la santé de la mère et de l’adolescent (Ismea) » et le recrutement en 2022 de 30 prestataires pour leur formation en master de suppléance rénale.

Abdou DIOP

480 nouveaux malades recensés en 2021 à Ziguinchor

Malgré la création de nouveaux centres de traitement dans les régions de Kolda et de Sédhiou, les chiffres des malades souffrant d’insuffisance rénale continuent de progresser dans la région de Ziguinchor. L’année dernière, plus de 400 nouveaux malades rénaux y ont été comptabilisés.

ZIGUINCHOR – Dans la région de Ziguinchor, la situation liée à l’insuffisance rénale est catastrophique. « Du lundi au vendredi, on reçoit 10 à 15 malades par jour. L’année dernière, 480 cas ont été recensés. Tous sont de nouveaux malades. Nous craignons une augmentation », s’alarme Yaya Kane, Professeur agrégé de néphrologie à l’Unité de formation et de recherche (Ufr) des sciences de la santé à l’Université Assane Seck de Ziguinchor. Il est par ailleurs chef du service néphrologie à l’hôpital de la Paix.

Ce rush de malades atteints d’insuffisance rénale dans la région de Ziguinchor s’explique par le fait qu’en Guinée-Bissau, il n’y a pas de néphrologue. De plus, beaucoup de patients de la Guinée et de la Gambie reçoivent des soins à l’hôpital de la Paix de Ziguinchor. L’État du Sénégal, dans sa politique d’améliorer les plateaux médicaux des structures de santé de l’intérieur du pays, a doté les régions de Kolda et de Sédhiou de centres de traitement rénal. Une aubaine, selon le Professeur Yaya Kane. « Tous venaient se faire traiter à Ziguinchor et ce n’était pas facile », a-t-il avoué. Mais au regard du nombre de malades reçu chaque jour à l’hôpital de la Paix, l’on peut confirmer sans doute que la tendance est loin d’être à la baisse. À Ziguinchor, le diabète, l’hypertension artérielle, les toxiques qui peuvent découler des faux médicaments et les conséquences d’un usage excessif de la pharmacopée traditionnelle, entre autres, constituent le lit de l’insuffisance rénale. « Beaucoup de patients viennent de Bignona », constate le spécialiste. « Peut-être c’est dû à la forte densité de la population», se demande-t-il. « Les reins jouent une fonction majeure dans l’épuration du sang. S’ils sont malades, il y aura des soucis pour nettoyer les déchets qui se trouvent dans l’organisme. Les urines ne seront pas non plus de qualité. Ils sont les régulateurs de l’organisme, il faut vraiment les protéger », a expliqué le chef du service néphrologie à l’hôpital de la Paix.

Initiée par « l’International society of nephrology » basé aux États-Unis, la Journée mondiale du rein vise à sensibiliser le grand public sur la maladie rénale et ses conséquences.

Au Sénégal, la célébration, pour cette année, va au-delà d’une journée. Une semaine nationale du rein est décrétée avec comme thème : « La santé rénale pour tous ». « L’objectif est de faire en sorte que tout le monde puisse avoir une idée sur la santé rénale et inciter les gens à faire le dépistage », informe le professeur Yaya Kane, qui est aussi Vice-président de la Société sénégalaise de néphrologie, hémodialyse, transplantation. Selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms), 5 à 10 millions de personnes meurent chaque année d’insuffisance rénale dans le monde.

Jonas Souloubany BASSÈNE (Correspondant)

La création d’un master en néphrologie annoncée à l’Université Assane Seck

Professeur de néphrologie à l’Unité de formation et de recherche (Ufr) des sciences de la santé à l’Université Assane Seck de Ziguinchor et chef de service de néphrologie à l’hôpital de la Paix, Yaya Kane a annoncé la formation du personnel de santé sur les maladies rénales avec la création d’un master. Il permettra de former des infirmiers d’état et des étudiants afin d’améliorer leurs connaissances en matière de traitement de l’insuffisance rénale, en dialyse, en transplantation rénale, pour une bonne prise en charge des malades rénaux au Sud du pays. Cette formation permettra de réduire le déficit en ressource humaine en néphrologie. En attendant, une caravane sera organisée les 24, 25 et 26 mars à Ziguinchor, Oussouye et Bignona pour sensibiliser les populations sur les pathologies rénales. Un don de sang est aussi prévu afin d’anticiper sur les ruptures éventuelles de sang avec le carême actuel des chrétiens et le ramadan qui pointe à l’horizon. J. S. BASSÈNE (Correspondant)

77 hémodialysés à l’hôpital de Saint-Louis

Il est recensé au centre hospitalier régional de Saint-Louis 77 hémodialysés dont 40 malades sous traitement et 37 patients inscrits sur la liste d’attente. L’information a été donnée hier par le Dr Ibrahima Demba Diallo, chef du service de néphrologie clinique et d’hémodialyse de ladite structure. Il s’exprimait à l’occasion de la célébration de la journée mondiale du rein. Cette journée a été marquée à Saint-Louis par une vaste opération de dépistage des maladies rénales, une conférence publique et une campagne de sensibilisation des populations sur les conséquences désastreuses engendrées par les maladies chroniques, en particulier l’insuffisance rénale.

Dr Diallo a indiqué qu’une étude réalisée à Saint-Louis il y a 10 ans avait révélé un taux de prévalence de 12% des personnes souffrant de l’insuffisance rénale. Selon lui, « ce chiffre est sous-estimé, car ne tenant pas compte des nombreux malades qui meurent sans savoir qu’ils souffraient de l’insuffisance rénale ». Il a souligné que l’insuffisance rénale est une maladie sournoise et ne présente pas de symptômes qui permettent aux patients de prendre conscience de leur mal. « La solution la plus adéquate à ce fléau est d’avoir souvent le réflexe de se faire dépister de manière précoce, d’autant plus que les patients ne se présentent à l’hôpital qu’au stade terminal », a regretté le chef de service de néphrologie clinique et d’hémodialyse de l’hôpital de Saint-Louis.

LE SOLEIL (Mbagnick Kharachi DIAGNE (Correspondant)

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