Plus on avance sur la rocambolesque affaire des forces spéciales, plus la thèse du complot ourdi par des gens tapis dans l’ombre se confirme. En atteste, ces révélations explosives de Moustapha Diatta, cet ancien détenu dans l’affaire l’imam Ndao. Il révèle avoir failli tomber dans un piège lors des événements de juin dernier.
«Moi qui vous parle, c’est Dieu qui m’a sauvé sinon je serai encore arrêté en compagnie de ceux qu’on appelle les « Forces spéciales » », a révélé hier Moustapha Diatta, lors de la conférence de presse du Collectif pour la libération de tous les détenus politiques. «Je ne l’ai jamais révélé aux Sénégalais. Mais je disais que je ferais cette révélation le jour où je ferai face aux médias. Le jour où ils ont attrapé les membres des forces spéciales, j’étais près de chez moi à la cité Baobab sur la route de Bourguiba où il y avait un blocage de la circulation. J’ai garé ma moto pour organiser la circulation. Mais en ce moment, il y avait des échauffourées entre les forces de l’ordre et des jeunes. Après que la circulation est redevenue fluide, un de mes camarades militaires est venu me trouver sur la route. On était au nombre de six, mais à ma grande surprise, trois personnes, notamment deux hommes et une femme, sont venus vers nous avec un sac à dos avec des bombes, des cocktails Molotov. L’un d’eux m’interpelle et me dit : vous êtes parmi les jeunes d’Ousmane Sonko qui se battent. Je lui ai répondu : quelle bagarre ? Il me rétorque : je veux vous donner des affaires qui peuvent vous servir pour affronter les policiers. Je lui dis que ce sont des cocktails Molotov, des bombes. Il me dit oui et que ça va me permettre de me battre contre les policiers », a-t-il insisté. M. Diatta de préciser : « Ce n’était pas des civils ». «C’est à dire, c’est eux qui fomentent leurs coups. » « Je lui ai demandé de décliner son identité avant de lui dire ceci : « Quelle audace avez-vous pour venir me dire d’affronter les forces de l’ordre. Je l’ai menacé de quitter les lieux. Il est reparti en pleine manifestation avec son sac d’explosifs en prenant la direction où le véhicule de police était garé. » « Si c’était vraiment un manifestant, il n’aurait jamais le courage de trainer dans cette zone quadrillée par les forces de l’ordre », précise-t-il. « Pis, si j’avais pris ce sac en commettant une petite erreur, je serai accusé d’être membre des forces spéciales », a-t-il martelé. « Il faut que l’État arrête. Non à la dictature ! », se révolte l’ancien co-détenu de feu Imam Alioune Badara Ndao.
Par Souleymane SANÉ